L'art numérique questionne l'art

du 1er octobre au 1er novembre 2000
Le Connectik (Lyon)


Webcity Lyon

L’art numérique questionne l’Art

Pour ses cinq ans, le Connectik inaugure un espace d’art numérique. Trois artistes sont exposés pour l’occasion.

Pour fêter dignement ses cinq ans, le Connectik se paie une galerie d’art. « Ce n’est pas un espace pensé dans un but commercial. Il y a de la place pour un vrai espace où l’on essaiera de partager la culture multimédia. On n’a pas rencontré l’art mais des artistes », explique Patrick Goubet, patron du Connectik.

Maintenant qu’il a trouvé ses articles numériques (lire article), il les expose grâce à deux écrans plasma. Martin Hardouin Duparc, Sophie Lavaud et Catherine Nyeki, sont les trois premiers artistes sélectionnés pour le caractère tout à fait novateur et esthétique de leurs oeuvres.

Martin Hardoin Duparc est une sorte de DJ des images de JT. Il les capture, puis les triture et les superpose. Il l’a fait quotidiennement pendant les législatives de 97 et pendant la guerre du Kosovo. « Je sélectionne une trentaine d’images puis j’en superpose quelques-unes. J’arrête mon travail quand le sens et la forme s’accordent. Là l’image tient debout ». raconte l’artiste, qui revendique du même coup l’appellation d’art numérique. « On peut appeler cela de l’art numérique car c’est impossible à réaliser sans ordinateur. Les oeuvres prennent racine dans le possible que la technologie offre ».

Même démarche du côté de Sophie Lavaud, pour un résultat complètement différent. L’artiste explore la face cachée du tableau. « Un tableau en mouvement », comme elle aime à l’appeler. La jeune femme qui vient de la peinture, a commencé par ajouter de l’animation, puis s’est laissée prendre au jeu de l’interactivité. Ainsi, l’exposition de son dispositif « Centre/Lumière/Bleu» plaçait le spectateur, à l’aide d’un capteur placé sur la tête, au centre de l’oeuvre. sans qu’il en soit pour autant l’objet mais l’acteur. Déclinée sur cd-Rom en cyber-parcours, l’oeuvre est assez déroutante et fonctionne un peu comme des zooms fait sur une toile bleue. « Le but est de créer une rencontre entre un univers virtuel autonome et le spectateur, entre le corps et les images », poursuit-elle.

Les propositions de Catherine Nyeki sont moins abstraites. Cette ancienne scénographe a monté une chorégraphie interactive sur cd-Rom. Définissant l’ordinateur comme sa « petite scène », elle a imaginé tout un univers de formes inspirées du monde animal ou végétal, qu’elle fait danser sur des rythmiques retravaillées numériquement à partir de sa voix.

Mais bien au-delà de l’ouverture d’un nouvel espace scénique, l’art numérique révolutionne en profondeur notre rapport à l’art. Et notamment à l’unicité de l’oeuvre, notion fondatrice de l’art. Or, si désormais, l’original est incessamment reproductible du Cd-Rom, tout en étant à chaque fois modulable parce qu’interactive, c’est tout le système de l’art qui est remis en question. Du marché de l’art en passant par les musées.

Le Connectik
19, quai Saint-Antoine
Lyon 2